vendredi 12 décembre 2014

Jeu et théorie du duende, Federico García Lorca (1930 - Allia, 2008)


Jeu et théorie simultanément à leur plus haut point comme le fond et la forme enfin réunis, les cultures savante et populaire enfin réconciliés, l'unité de l'Orient et de l'Occident à jamais retrouvée...

jeudi 13 novembre 2014

Au mouton pourrissant dans les ruines d'Oppède, Henri Simon Faure (Du Lérot, 1983)


Une fois n'est pas coutume, succombons au démon de la comparaison... (et tâchons de continuer à éviter celui de la citation...).

Ce court poème (écrit en 1954, publié l'année suivante) et ce large poète - découverts une fois de plus grâce au blog de l'incomparable Eric Dussert - nous a en effet immédiatement fait penser au Chien ou Perro hundido (1819-1823) de Francisco de Goya. Mieux, il en est à nos yeux - agrandis par tant de force et de beauté - l'équivalent parfait et différent : non seulement par le mélange de leurs natures communes - à la fois simples et inépuisables, physiques et mystiques, clairs et obscurs - mais aussi parce que chacune de ces deux œuvres marque sa discipline et son siècle d'une pierre justement sans équivalent. Ni plus, ni moins. 

Henri Simon Faure est bel et bien vivant. Il vient de fêter ses 90 ans. Longue vie à lui. 


---------

PS : Deux mois après la publication de ce post, Henri Simon Faure décédait. Il est désormais trop tard pour frapper à sa magnifique porte...


jeudi 18 septembre 2014

Les Dimanches de Jean Dézert, Jean de la Ville de Mirmont (sans éd., 1914)





Les Dimanches de Jean Dézert fut le seul ouvrage que Jean de la Ville de Mirmont publia de son vivant puisqu’il mourut en novembre 1914 au Chemin des Dames juste après avoir fait paraître - à compte d’auteur et à seulement 300 exemplaires - cette authentique perle rare qui est encore passée trop inaperçue* en cette année de centenaire du décès de son auteur et du début de la Première Guerre mondiale où les médias ne manquèrent pourtant pas de rappeler les nombreux écrivains morts au combat, notamment durant les premiers mois. Les quatre années de conflit qui allaient suivre et le changement d’époque qui devaient en résulter privèrent ce roman et son auteur de la postérité qu’ils méritaient tant de Mirmont semble ici le premier à s'approcher aussi près du fameux "livre sur rien" (au risque de s'y brûler ?). 

Les Dimanches de Jean Dézert est l’histoire d’un petit fonctionnaire parisien célibataire dont la vie oscille entre ennui et résignation. A la fois court et implacable, désespéré et léger, ce roman occupe une place essentielle dans le passage entre XIXe et XXe siècles, comme Avec le feu de Victor Barrucand quelques années plus tôt, bien loin de l’histoire littéraire officielle. En ce qui le concerne, Jean de la Ville de Mirmont (né en 1886 à Bordeaux) réussit à sortir de l’impasse fin-de-siècle en détruisant de l’intérieur la médiocrité bourgeoise qu'il décrit grâce à un merveilleux mélange d’humour et d’absurde tout à fait inédit (Alfred Jarry et Alphonse Allais sont passés par là entre-temps...). Jean, le héros de son livre, n’est autre que son double contrarié et ridicule, renversé, jusque dans son nom de famille : Dézert vs. de la Ville. Enfin, la voix de l'auteur se retrouve dans celle du narrateur qui surgit à intervalles réguliers avec une distanciation pleine d’ironie, l’ensemble donnant au livre un ton et un style étonnamment modernes. 

Livre sur rien, ultra-moderne et peut-être même parfait au sens où le réel rattrapa immédiatement son auteur au moment de sa publication : un nouveau collègue prit en effet ses fonctions au bureau du ministère où travaillait de Mirmont et il s'appelait... Jean Dézert !!!

--------------------------
* Malgré les efforts d’Eric Dussert (via son blog L’Alamblog), de Jérôme Garcin (via son roman Bleus horizons et un article) et de Charles Dantzig (Dictionnaire égoïste de la littérature française) qui a également réédité ce roman et les autres œuvres littéraires de l’auteur en 2008 aux éditions Grasset. A noter enfin : les Œuvres complètes de Jean de la Ville de Mirmont (précédé d'une magnifique étude de Michel Suffran) était le livre de chevet de l’immense Philippe Noiret qui en fit une lecture publique à Bordeaux. Il en parle avec passion dans son excellente autobiographie, Mémoire cavalière (2007).  

Paradoxe contre les lettres, anonyme (Jean de Tournes, 1545)

Ouvrage d'une incroyable modernité (à lire sur Gallica). Attribué à Maurice Scève par Michèle Clément.

mardi 9 septembre 2014

L'Usure des jours, Lorette Nobécourt (Grasset, 2009)



Ou comment se reconstruire après un feu éteint avec ses larmes. En vivant sur des charbons toujours ardents.
--------------
PS : Et, comme par hasard, le livre s'ouvre sur une citation de Demian d'Hermann Hesse...

vendredi 25 juillet 2014

La peau et les os, Georges Hyvernaud (Scorpion, 1949)


Une fois encore, une scène inoubliable qui se déroule à table : cette fois, la scène d'ouverture. Et tout est déjà dit.

mardi 17 juin 2014

De sel et de cendre, Jean Proal (Julliard, 1953)



La même magie – exactement - qu’à la lecture de Bagarres et pourtant le lieu, à nouveau personnage central du livre, a changé : le pays du Ventoux a laissé la place à la (Basse) Camargue. Les autres personnages portent également des noms différents mais les forces qui les meuvent restent les mêmes, toujours si puissantes. 

Il semble ainsi que les livres de Jean Proal vibrent sous l'effet d'une obsession plus que majeure, essentielle : celle de dire la nature sous toutes ses formes, qu’il s’agisse des mondes animal, végétal et minéral ou bien des quatre éléments (le vent ici décrit à merveille, mais aussi l’eau salée des marais mêlée à la terre et enfin le feu qui vient clore l’histoire comme un drap tiré sur le visage d’un mort).  

Le lecteur se trouve donc face à une écriture élémentaire au sens premier, c’est-à-dire à une peinture des fondements même de la vie aux prises avec son double le plus intime, la mort, à la fois complément indispensable et ennemi juré. Mais de leurs liens indéfectibles et de leurs combats incessants, c'est toujours le second - inévitablement - qui sort vainqueur. 

Pour atteindre ce niveau d'exigence et de profondeur, Proal fusionne (entre autres) éthique et esthétique, ligne claire et ligne brisée, littérature "noire" et littérature "blanche". Du (très) grand art et toujours la même question : comment cet auteur peut-il être aussi peu connu, lu, édité, étudié et cité ?

-------
NB : A noter toutefois le superbe travail réalisé par l'association Les amis de Jean Proal (voir leur site très complet : http://www.jeanproal.org)

mardi 22 avril 2014

André de Richaud, La Barette rouge (Grasset, 1938)


Variation sauvage sur le thème de la Belle et la Bête où l'auteur évite à tout moment les pièges du cliché littéraire pour emmener le lecteur toujours plus loin dans les ténèbres humaines. Autour de ces deux figures principales, comme dans Bagarres de Jean Proal, le climat et le paysage des contreforts du Mont Ventoux sont ici des personnages à part entière tant la nature, qu'elle soit humaine, végétale ou minérale, n'est que forces pour le meilleur - la beauté - et pour le pire - la mort. Qui ne sont en réalité que deux formes de la même violence présente au cœur des choses et des êtres.

A mes yeux, ce livre n'a qu'un défaut - son titre - qui, au-delà de son sujet peut-être scandaleux pour l'époque, explique peut-être également son relatif insuccès auprès de la critique et du grand public. La Barette rouge : non seulement, cela n'attire ni l'oreille ni l'intellect par une sonorité particulière ou une nature énigmatique mais, dans le pire des cas, cela choque l’œil car "barette" au lieu de "barrette" a des allures de coquille typographique.

lundi 7 avril 2014

Blast (4 volumes), Manu Larcenet (Dargaud 2009-14)

Perle, assurément ; rare, ce n'est pas à souhaiter tant cette œuvre magistrale mérite le plus large succès possible.
"Irrésumable" mais peut-être une sorte de double moderne et en bande dessinée du merveilleux Juge et l'assassin de Bertrand Tavernier...

samedi 1 mars 2014

Jean Giono, Le Chant du monde (article publié dans "L'Intransigeant" du 17 juin 1932)


Non pas le roman du même nom, mais cet art romanesque qui l'a précédé.

Où l'on apprend que la prose idéale recherchée par Giono est un sublime mélange de poésie concrète et de philosophie incarnée.

Paru en recueil dans Solitude de la pitié (1932), il est à lire ici dans sa version originale.