dimanche 29 avril 2012

Ibicus, Pascal Rabaté (Vents d'Ouest, 1998-2001)

 

Quatre tomes à couper le souffle, soit l'équivalent littéraire (pour ne pas dire livresque) de la chair de poule due à une musique exceptionnelle. Il faut dire que les dessins sont sublimes et l'histoire passionnante, Rabaté nous faisant découvrir par la même occasion un auteur russe, Alexis Tolstoï, puisqu'il s'agit de l'adaptation d'un roman du même nom (mais avec un "y" : Ibycus, publié pour la première fois en 1924). 

Cinq cents pages de lavis noir et blanc pour une fresque hallucinée menée tambour battant dans la Russie de 1917 en passe de devenir l'Union Soviétique. Surtout pas un roman (ou une BD) historique, mieux que ça : le portrait magistral d'un imposteur qui croit en sa bonne étoile et finit par mettre la chance de son côté. Un personnage apparemment sans épaisseur mais qui acquiert au fil des épreuves une profondeur insondable. Une énigme qui semble exprimer l'essence même de la nature humaine...

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PS : Pour la petite histoire, Rabaté indique en quatrième de couverture avoir acheté ce roman aux puces en pensant qu'il s'agissait d'un roman de Léon Tolstoï... Une fois de plus, merci aux incidents, erreurs et hasards en tous genres !

mercredi 4 avril 2012

Anatomie d'un désordre, Emmanuel Moynot (Glénat, 2003)



Les bandes dessinées dont la vie d’un peintre constitue le sujet central sont aujourd’hui sur le point de devenir un genre dans le genre, sorte de mise en abîme du fond dans la forme qui permet au bédéiste – autrement dit le dessinateur-scénariste - de relire les œuvres de ses prédécesseurs souvent illustres en parlant (un peu) le même langage visuel que son « modèle », hommage en actes du soi-disant 9e art à son grand frère.

A ce jeu-là, Emmanuel Moynot sort du lot avec son Anatomie d’un désordre grâce à un dessin simple mais terriblement tendu et à un sujet inattendu puisqu’il fait sortir du néant de la postérité Eugène Pigot, contemporain et voisin de Picasso qui, il y a un siècle, brûla la plupart de ses toiles en même temps que sa santé mentale pour mieux disparaître sans laisser la moindre trace : perle rare sur laquelle il semble n'exister aucune information, à la limite de la fiction...

mardi 3 avril 2012

Romancero de la résistance espagnole (II), coll. (Maspero, 1962)



Perle rare
offerte par un proche dont on vit aujourd’hui trop loin,
achetée dans une ville où l’on ne retournera peut-être jamais,
portant une dédicace inoubliable autant qu'inespérée,
achetée dans des circonstances invraisemblables,
lue le jour où se déroule l’action d’un chapitre, d’une page,
trouvée par hasard là où rien ne le laissait supposer,
donnant la voix à d’autres perles tout aussi rares.

Celle-ci, parce qu’elle réunit tout cela et même beaucoup plus,
est probablement celle que j’emmènerai non pas sur une île déserte
mais en cas d’incendie (malheureusement plus probable...).